[f° 209. 138/532. Ecrit sur deux colonnes.]

 

Reine Anne. — Mackenzie, comte de Cromarty [ligne ajoutée]

1774 M. York, pair sous le nom de lord Hardwyck. M. Murray, pair sous le nom de lord Mansfield. M. Pratt, pair sous le nom de lord Campden. Mansfield avait la figure douce et jugeait les procès criminels. Campden avait l'air farouche et jugeait les procès civils. Les grands-juges recevaient tous les jours un bouquet. Ainsi, jadis en France. Cela s'appelait la baillée de roses.

Les juges anglais ont un bouquet à la main et une perruque sur la tête. Les juges de la cour de l'Echiquier s'appellent Barons de l'Echiquier.

Les sergens-ès-lois, avocats et procureurs, habitent le Temple, Grais-Inn et Lincoln-Inn (Sorbonne et Navarre de Londres). L'orateur des Communes est toujours un sergent-ès-lois.

Il y a 4 cours de justice. La chancellerie. Le banc du roi. Les plaids-communs. L'échiquier. Quatre chambres communiquant de plain pied avec la grande salle de Westminster, avec un rideau de serge pour porte. Quand le lord chancelier passe devant ces rideaux, il s'arrête, le rideau s'ouvre, le tribunal se lève [variante: "les juges se lèvent"], le chancelier salue, puis l'huissier referme le rideau. L'échiquier a un escalier de bois, avec inscription latine constatant que c'est une munificence d'Elisabeth. Au-dessus des juges, ["Au-dessus..." ajouté] dans chaque tribunal, 3 statues gothiques (du temps de Henri VII) d'un roi d'Angleterre justicier. Les chambres sont comme en France tendues de tapisserie bleue fleurfelysée, plus l'écusson d'Angleterre au centre. Même tapis sur la table des juges chargée de 5 ou 6 infolios conservant les lois et coutumes d'Angleterre. Les juges jugent à la lettre. Sciant judices, dit Bacon, se jus dicere non jus dare.

Autorité absolue des rois anglais [ligne ajoutée]

Vita, caput, auctoritas omnium in principe est. (Smith. de Anglia inter resp. Elzevir) (petites républiques en Elzevirs) ["(petites..." ajouté]

Turcarum, Persarum, Scytharum, Britannorum, Abyssinorum reges legibus ullis se teneri volunt. (Bodin. Meth. hist. cap. 6. p. 313. édit. 1572)

Rex Angliae, dit Bracton... nemo contra factum ejus presumat ire. Et les autres vieux jurisconsultes, Fortescue, Jenkins, Littleton, parlent de même.

Un ambassadeur de Venise près d'Elisabeth écrivait: regia voluntas sola attenditur, instar Turcici imperii et il comparait les lords aux pachas, ad instar Bassarum. [Tout ce qui précède vient, dans l'ordre, de Grosley, Londres, t. IV, p. 77-100. Le même ouvrage est dépouillé au f° 108, analogue par l'écriture.]

___

Voltaire vit l'Angleterre de George II, et crut, en la décrivant (Henriade) peindre l'Angleterre d'Elisabeth. [source: ibid., p. 131]

___

On ne brûlait que du bois de cèdre dans l'appartement du roi d'Angleterre. Jusqu'à Charles Ier inclusivement le roi vivait gratis sur le pays environnant sa résidence, prenant et ne payant pas. Charles Ier avait chaque jour 86 tables servies. [ibid., p. 194-195]